En flânant un peu dans les alentours de la base Martin de Viviès, on peut découvrir d’étranges inscriptions gravées dans la roche volcanique.
Ces pétroglyphes, comme les nomment les historiens, sont de vrais témoignages du passé et derrière ces inscriptions se cachent de véritables aventures humaines. Elles nous renvoient à une époque où les conditions de vie sur l’île étaient bien éloignées de celles de nos missions actuelles.
La plus vieille pierre gravée remonte à 1819 et fait état du passage de chasseurs d’otaries sur l’île en pleine période d’exploitation. Durant ces années, l’ouverture d’un marché chinois pour la fourrure de cet animal a bien failli causer sa perte. On estime à environ 150 000 les individus exterminés sur les îles Saint Paul et Amsterdam entre 1789 et 1835.
Ancien point d'eau surplombé d'une dalle où l'on peut encore retrouver de nombreuses inscriptions |
À l’entrée de la base, on trouve une grande dalle gravée avec des inscriptions en anglais nous racontant une aventure hors du commun. En effet, un navire phoquier, le "Princess of Wales", a coulé lors d’une tempête dans l’archipel de Crozet en 1821. Quelques naufragés ont réussi à survivre deux ans dans l’archipel dans des conditions extrêmes avant de pouvoir être secourus en 1823 par le "Philo" de Boston. Ce dernier les a embarqués en échange d’une participation à la campagne de pêche et de chasse sur Saint Paul et Amsterdam. Suite à une querelle avec le capitaine, certains naufragés du "Princess" choisirent de débarquer sur Amsterdam et certains y restèrent même jusqu’en 1825, date mentionnée sur la pierre gravée ! Imaginez un peu la vie de ces hommes qui sont restés 4 ans dans ces îles australes à une époque où il n’existait aucune base, aucun ravitaillement, et où l’on ne pouvait compter que sur soi même pour survivre…
Pour clore ce petit voyage dans le temps, mentionnons également la dalle gravée en 1855 par les naufragés du baleiner "Tuscany" de Sag Harbor venant des États-Unis d’Amérique. Le capitaine et un de ses officiers seraient, peu avant le naufrage, partis à terre à la recherche d’un trésor enterré par l’équipage d’un autre navire naufragé, le "Meridian". L’histoire ne dit pas s’ils trouvèrent le fameux trésor, mais un journal Mauricien assure qu’un des officiers possédait une belle somme de demi-couronnes une fois remis du naufrage !
Pour tous ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur l’histoire de ces îles, je vous recommande vivement le livre passionnant d’un ancien hivernant de la 48ème mission du district, Yannick Verdenal, « Saint-Paul et Amsterdam, voyage austral dans le temps » aux éditions Gérard Louis.
Arnaud