Il y a 125 ans jour pour jour, la France prenait officiellement possession des îles Saint-Paul et Amsterdam.
Pour comprendre comment et pourquoi cela s’est produit, revenons un peu en arrière, en 3 épisodes.
Épisode 1
Les îles de Saint-Paul et Amsterdam ont été repérées pour la première fois le 18 mars 1522, par les compagnons de Fernand de Magellan, tué un an auparavant aux Philippines. C’est alors Juan Sebastián Elcano qui commandait La Victoria, premier navire à avoir accompli la circumnavigation du globe, lors du voyage retour de Java au cap de Bonne Espérance. L’équipage, diminué et épuisé, n’arrive pas à accoster. Seule l’île Saint-Paul apparait sur une carte en 1559, du nom probable du bâtiment d’un navigateur portugais venu reconnaître l’île.
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Juan Sebastián Elcano |
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La Victoria |
A la fin du XVIe siècle, l’influence de l’Espagne et du Portugal diminue dans les océans pour laisser place à la puissance Hollandaise et la compagnie des Indes orientales (Vereenigde oost-Indische Compagnie – V.O.C.). Au cours de nombreux trajets entre son principal comptoir, Bantam sur l’île de Java, et le cap de Bonne Espérance, les deux îles sont régulièrement aperçues par les navires de la V.OC., mais jamais visitées. Amsterdam est nommée en 1633 « Nieuw Amsterdam », du nom du navire du gouverneur Van Diemen de passage au large de l’île, tout comme une certaine colonie fondée en Amérique du Nord en 1614 par la compagnie des Indes occidentales, qui deviendra New York par la suite.
Ce n’est qu’en 1696 que les îles sont foulées, par le navigateur hollandais Willem De Vlamingh, lors de ses recherches du navire Riddersthap Van Holland disparu en 1694. L’expédition ne trouve aucun trace d’éventuels naufragés, mais plante des pois et des graines de moutarde au cas où…
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Timbre représentant Willem De Vlamingh © La Poste |
Les deux îles retrouvent leur solitude pour de nombreuses décennies. La compagnie des Indes Orientales décline lentement jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, laissant place aux compagnies d’autres puissances européennes dont les routes ne croisent plus les îles Saint-Paul et Amsterdam. Les passages de navire se font très rares, notons simplement celui du navire de la Royal Navy britanique en provenance de Tahiti, le H.M.S Bounty, en juillet 1788, soit quelque mois avant la célèbre mutinerie dans le Pacifique Sud.
A la fin du XVIIIe siècle, les deux îles n’appartiennent officiellement à aucun pays mais font le bonheur des chasseurs de baleines et d’otaries battant pavillon anglais, américains, français ou chinois. Des dizaines de milliers de peaux sont récupérées à chaque passage de navire, qui se font de plus en plus nombreux.
En 1791, l’amiral français Joseph-Antoine Bruny d’Entrecasteaux part à recherche de La Pérouse et de ses navires La Boussole et L’Astrolabe, portés disparus depuis 1788. Avec ses deux frégates, La Recherche et L’Espérance, il passe en 1792 devant la Nouvelle-Amsterdam alors en feu, sans trouver La Pérouse, mais en livrant un relevé détaillé de la côte orientale.
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Carte de Jacques-Julien Houtou de La Billardiere représentant l’itinéraire d’Entrecasteaux à la recherche de La Pérouse (1800) |
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L’amiral français Joseph-Antoine Bruny d’Entrecasteaux |
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La Recherche et L’Espérance |