La dernière rotation
2014 du Marion Dufresne dans les districts subantarctiques a été l’occasion
pour huit élèves et deux enseignantes du collège Albert Lougnon de la Réunion, de découvrir ces contrées dans
le cadre d’un partenariat TAAF/Education nationale. Initialement prévue du 21
au 23 décembre, l’escale à Amsterdam de nos collégiens a été réduite à la
journée du 22 et à la nuit suivante du fait des conditions météorologiques
défavorables n’ayant pas permis au
navire de débarquer de personnel la veille. Le programme d’activité des
enfants, dimensionné pour deux journées complètes, avait pourtant été mitonné
avec soins par l’équipe du district, cette mission inhabituelle étant
particulièrement bien perçue. Les hivernants comme les campagnards d’été ont,
chacun dans son domaine de compétence, rivalisé d’imagination pour offrir à nos
jeunes visiteurs des petites séquences de découvertes originales à la fois techniques
et ludiques. Le contenu du planning a évidemment souffert de la compression
obligatoire, mais la reconfiguration est une seconde nature dans les terres
australes, c’est bien connu, et nous avons fait avec.
La
priorité dans les districts, c’est la sécurité. Et la sécurité des personnes,
c’est le BCR (Bureau des Communications Radio). Première halte donc et première
séance d’instruction pour nos jeunes qui appliqueront le protocole des
« Coms » pour la suite de leur visite.
Et
celle-ci se poursuit avec la visite de la GP (Gérance Postale). En clair, ils
sont allés dire bonjour au facteur, personnage important sur le district,
presqu’autant que les cuisiniers…
Nouvelles
découvertes pour les collégiens : la gestion du courrier (et des
colis !) via les passages du Marion Dufresne, les tampons spécifiques aux
empreintes très prisés des collectionneurs, la philatélie, autre domaine
d’excellence des TAAF…
Le
rendez-vous suivant sort un peu de l’ordinaire, avec ses allures de marché aux
poissons. Notre poissonnier en chef, accessoirement responsable des infrastructures
de la base, accueille les enfants pour leur détailler sa passion en long, en
large et en travers (il a fallu écourter la séquence) : techniques de
pêche, ressource halieutique, réglementation, espèces, intérêt culinaire,
mesure de la taille de l’emblématique langouste d’Amsterdam (avec un outil
« maison » s’il vous plait)… Tout ou presque a été dit. Cerise sur le
gâteau, chacun a eu le droit à un petit bouchon de canne à pêche personnalisé,
cadeau de notre chef infra national qui, parait-il, a été menuisier à ses
débuts.
On passe à l’atelier
suivant. Mais pas en faisant n’importe quoi. La sécurité, vous vous
rappelez ? « BCR, BCR de Lougnon pour contact radio »…
Nous
voici à la pépinière, haut lieu de la réintroduction du Phylica, seul arbre du
monde subantarctique français et endémique à l’île d’Amsterdam. Mis à mal par
les incendies successifs essentiellement liés à une activité humaine parfois
mal maîtrisée sur le district depuis le 16ème siècle et sa découverte
par Del Cano, le Phylica peine à retrouver sa place dans son milieu d’origine.
Explications
d'Arnaud, l’un de nos deux agents de la réserve naturelle dont l’intervention
s’achève par la plantation symbolique du Phylica « A.Lougnon » à
proximité de la caserne des pompiers.
Passage
obligatoire à Géophy, le bâtiment des scientifiques de l’IPEV (Institut Polaire
Français Paul Emile Victor) où le Gener (logisticien généraliste) explique à un
auditoire attentif les différents programmes d’étude développés à Saint Paul et
Amsterdam : ornitho/écologie, sismologie, géomagnétisme, instrumentation,
chimie de
l’atmosphère
et qualité de l’air.
Et
la visite continue avec, en particulier, la « Mosquée » et ses
installations de production d’eau potable à partir du recueil des
précipitations sur les différents toits de la base. 750m3, c’est la capacité de
stockage maximale des citernes souples du district qui se traduit par une
autonomie d’environ 5 mois pour un effectif de 20 personnes avec une
utilisation raisonnée de la ressource. La gestion de l’eau est un souci
constant à Martin de Viviès. Il y a eu des périodes difficiles par le passé…
Ici encore, le circuit de l’eau est expliqué aux collégiens par Arnaud.
Nous
voilà au « Jardin Météo ». Cet ancien tunnel de lave à été reconverti
en mini verger/potager/jardin d’ornement depuis, probablement, les débuts de l’installation de la base. Le site
perdure pour le plus grand bonheur de tous, aujourd’hui des enfants, même si
cette situation n’est pas vraiment dans l’esprit de la lutte contre les espèces
introduites qui prévaut normalement dans les TAAF.
Avant
d’aller saluer les otaries, le passage à la Résidence s’impose. Un petit coucou
au chef de district ne peut pas nuire. C’est l’occasion de lui remettre, au nom
de tout le collège et du comité de rédaction, des exemplaires du dernier numéro
du Marduf, ce journal écrit et réalisé par l’établissement scolaire dans le
cadre du partenariat déjà cité plus haut. Le Disams se voit également remettre
un carton destiné à l’ensemble des hivernants et à n’ouvrir « qu’à
Noël !», cadeau préparé et expédié par la 4ème
« Amsterdam », classe
référente du district. Le passage à la résidence est aussi l’occasion de
laisser dans le livre d’or un mot, petit ou grand, selon l’inspiration du
moment.
La fin de la journée
approche, l’humidité nous gagne. Il est temps de passer voir les otaries avant
de mettre tout ce petit monde au sec. Nous sommes en pleine saison de
reproduction et les harems sont constitués. Gare aux intrus, la prudence est de
rigueur. Les collégiens resteront donc à distance raisonnable des
« loups marins » comme les appelaient les chasseurs des 18 et 19ème
siècles qui les ont décimés à tel point qu'à la fin de cette époque les otaries
avaient pratiquement disparu du district.
« BCR,
BCR de Lougnon, c’était vraiment trop bien Amsterdam. On revient quand vous
voulez. Monique et Dominique sont d’accord. On vous embrasse tous ».
Un grand merci à vous les enfants
Alain
QUIVORON
Disams