26 octobre. Ce jour aurait pu être une date d’anniversaire.
Depuis tôt le matin, l'île est prise dans une brume basse et épaisse, victime de l'effet de Foehn. Depuis ces derniers mois, c'est la première fois que les hivernants sont incapables de porter leur regard au loin, sur l'océan Indien. Et pourtant, ils guettent avec une certaine impatience, depuis le promontoire du Banc de la Solitude, l'arrivée du patrouilleur polaire L'Astrolabe. Il s'est déclaré deux jours plus tôt, à l'approche de la zone économique exclusive (ZEE).
Depuis le départ du Marion Dufresne, il y a plus de deux mois, nous n'avons vu âme qui vive sur l'océan. Quelques semaines plus tôt, les concurrents de la course autour du monde GLOBE40 se sont montrés discrets lorsque leurs frêles esquifs sont venus caresser les côtes d'Amsterdam par une nuit venteuse et une houle bien formée. Les îles de Saint-Paul et Amsterdam sont fidèles à leur réputation de terres parmi les plus isolés au monde. Mais ici point de Sirène, et Mami Wata ne viendra pas jusque-là.
Il est midi et la base Martin-de-Viviès est toujours engluée dans gangue semblable à une purée de pois. Pour autant tout est prêt. Toutes les précautions ont été prises pour recevoir ce qui est cause d'une agitation anormale. Vous pourriez croire que j'évoque ici la venue de ce magnifique navire à la coque rouge si reconnaissable. Certes, nous espérons ardemment le voir, mais les raisons de l'attente sur la cale sont toutes autres. Il n'y a en fait qu'une seule raison, mais d'importance. Nous attendons la dépêche postale !
Les délais sont courts, le gérant postale du district ne dispose que d’une petite demi-heure pour traiter une multitude de lettres venues des quatre coins du monde. Mais ce n’est pas le premier défi qu’il relève. Aussi, fort de quelques factotums bénévoles et enjoués, s’est-il organisé afin que toutes ces enveloppes puissent regagner le bord de L’Astrolabe dûment oblitérées et tamponnées. Les manches des tampons sont tenus fermement. Le geste doit être sûr et précis, car cette danse si particulière répond à des codes très stricts qu’il est primordial de respecter.
Alors que nous avons perdu de vue le zodiac qui ramène la précieuse dépêche postale, le brouillard se lève enfin pour dévoiler l’image si attendue : L’Astrolabe se tient fièrement le long de la côte de l’île d’Amsterdam.
Si le courrier des Terres australes et antarctiques est particulièrement prisé, celui de la dépêche maritime l’est tout autant, si ce n’est plus. J’en veux pour preuve les différents bulletins traitant de la philatélie polaire. Alors montons à bord de L’Astrolabe et voyageons avec lui.
Passage de L'Astrolabe à la base Martin-de-Viviès, Amsterdam |
Passage de L'Astrolabe à la base Martin-de-Viviès, Amsterdam |
Passage de L'Astrolabe à la base Alfred Faure, Crozet |
Passage de L'Astrolabe à Port-aux-Français, Kerguelen |
Passage de L'Astrolabe à la base Alfred Faure, Crozet |
Passage de L'Astrolabe à Hobart, Tasmanie |
Passage de L'Astrolabe à Dumont d'Urville, Terre Adélie |
Passage de L'Astrolabe aux îles Glorieuses, îles Éparses |
Passage de L'Astrolabe à l'île d'Europa, îles Éparses |
Passage de L'Astrolabe à Juan de Nova, îles Éparses |
Passage de L'Astrolabe à l'île de Malte |
De Concarneau à Brest |
Mais le temps file et l’heure est au départ. Bonne mer et bonne traversée vers DDU.