samedi 19 septembre 2015

Amsterdam, une île chargée d’histoire !

En flânant un peu dans les alentours de la base Martin de Viviès, on peut découvrir d’étranges inscriptions gravées dans la roche volcanique.

Ces pétroglyphes, comme les nomment les historiens, sont de vrais témoignages du passé et derrière ces inscriptions se cachent de véritables aventures humaines. Elles nous renvoient à une époque où les conditions de vie sur l’île étaient bien éloignées de celles de nos missions actuelles.

La plus vieille pierre gravée remonte à 1819 et fait état du passage de chasseurs d’otaries sur l’île en pleine période d’exploitation. Durant ces années, l’ouverture d’un marché chinois pour la fourrure de cet animal a bien failli causer sa perte. On estime à environ 150 000 les individus exterminés sur les îles Saint Paul et Amsterdam entre 1789 et 1835.

Ancien point d'eau surplombé d'une dalle où l'on peut encore retrouver de nombreuses inscriptions


À l’entrée de la base, on trouve une grande dalle gravée avec des inscriptions en anglais  nous racontant une aventure hors du commun. En effet, un navire phoquier, le "Princess of Wales", a coulé lors d’une tempête dans l’archipel de Crozet en 1821. Quelques naufragés ont réussi à survivre deux ans dans l’archipel dans des conditions extrêmes avant de pouvoir être secourus en 1823 par le "Philo" de Boston. Ce dernier les a embarqués en échange d’une participation à la campagne de pêche et de chasse sur Saint Paul et Amsterdam. Suite à une querelle avec le capitaine, certains naufragés du "Princess" choisirent de débarquer sur Amsterdam et certains y restèrent même jusqu’en 1825, date mentionnée sur la pierre gravée ! Imaginez un peu la vie de ces hommes qui sont restés 4 ans dans ces îles australes à une époque où il n’existait aucune base, aucun ravitaillement, et où l’on ne pouvait compter que sur soi même pour survivre…


Pour clore ce petit voyage dans le temps, mentionnons également la dalle gravée en 1855 par les naufragés du baleiner "Tuscany" de Sag Harbor venant des États-Unis d’Amérique. Le capitaine et un de ses officiers seraient, peu avant le naufrage, partis à terre à la recherche d’un trésor enterré par l’équipage d’un autre navire naufragé, le "Meridian". L’histoire ne dit pas s’ils trouvèrent le fameux trésor, mais un journal Mauricien assure qu’un des officiers possédait une belle somme de demi-couronnes une fois remis du naufrage !

Pour tous ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur l’histoire de ces îles, je vous recommande vivement le livre passionnant d’un ancien hivernant de la 48ème mission du district, Yannick Verdenal, « Saint-Paul et Amsterdam, voyage austral dans le temps » aux éditions Gérard Louis.



                                                                                                     Arnaud




mercredi 9 septembre 2015

La Centrale

Sur le district d’Amsterdam, outre les activités multiples, les missions scientifiques particulières, les différents corps de métiers représentés, la beauté des paysages, la faune endémique, la rudesse du climat, il est un mot récurrent, connu de tous, mais qui semble emprunt d’une signification qui laisse parfois rêveur…

…LA CENTRALE…Késaco !?…

La Centrale (électrique) est un mot générique qui englobe l’activité combinée de l’électricien centrale et du mécanicien centrale, dont le rôle sur base est de pourvoir à l’autonomie énergétique 7j/7j et 24h/24h. Cette équipe surnommée "les centraliens"  (légitime vu le niveau) est composée de deux marins qui sont affectés sur le district pour 12 mois et se partagent les plans de maintenance et d’entretien des diverses et nombreuses installations dont ils ont la charge. Il s’agit principalement de la production d’électricité (HT/BT), d’eau douce de consommation, la récupération des eaux de pluie, la gestion d’installations frigorifiques pour le stockage des denrées, la sécurité incendie, la prévention des accidents, la plomberie et les dépannages en tous genres…

 

La centrale électrique

 


Pour produire l’électricité la centrale dispose de 3 Groupes Électrogènes (GE) identiques pouvant délivrer une puissance de 160 KW/h chacun. Les moteurs diesels de marque VOLVO TD 1010, 6 cylindres, sont couplés à un alternateur qui permet d’assurer la production d’électricité domestique  pour l’ensemble de la base, sans oublier les installations du local scientifique de pointe Bénédicte où il est nécessaire de fournir de la Haute Tension. Il y a toujours 1 GE en fonction et  1 autre en secours, ce qui permet d’effectuer les opérations d’entretien sur le 3ème.




Lorsque les moteurs arrivent en fin de potentiel (après 20 000 heures de fonctionnement, environ 830 jours), il faut les envoyer en visite en métropole chez le fournisseur, pour une révision complète, nécessitant des moyens plus élaborés. Cette  intervention importante  sur base a eu lieu cette année et tous les services ont pu participer pour aider les centraliens. Chacun à son niveau de compétence est venu apporter son soutien, ce qui a permis de voir évoluer des individus en dehors de leur environnement habituel.








La mosquée (local traitement de l’eau)


Pour produire l’eau douce de consommation (pas de source sur Amsterdam), la structure de l’ensemble des  bâtiments de la base a été conçue pour que chaque toiture puisse capter un maximum d’eau de pluie, lors des périodes d’averses, afin d’être récupérée en aval  par 4 cuves permettant de stocker 140 M3.

Ce stock constitue une réserve d’eau non traitée, donc non potable, et il faut régulièrement faire une remontée d’eau pluviale, via un réseau de pompe, collecteurs et filtres, pour constituer une réserve d’eau traitée et filtrée (jusque 5 microns) en amont. Ce stock d'eau représente la capacité de 4 bâches (4 x 150 M3) située dans la partie supérieure de la base, soit 600 M3 d’eau filtrée et traitée au total.


Le premier traitement est bactéricide, la circulation permanente (24h/24h et 7j/7j) de l’eau des bâches au travers de filtres ultra-violets assure sa désinfection continue.

Ensuite, l’eau traitée en circulation est puisée par un osmoseur eau douce (pression de fonctionnement = 15 bars) pour subir une nouvelle filtration, reminéralisation et traitements complémentaires et la rendre ainsi potable pour la consommation humaine et sanitaire.


Cette eau potable est stockée dans notre château d’eau, grande cuve en plastique d’une capacité de 3700L, et redistribuée vers la base via un groupe hydrophore (pompe), permettant à tous de consommer librement et avec modération, évidemment.

Les chambres frigorifiques



Il est nécessaire de pouvoir constituer une réserve suffisante de nourriture pour que l’ensemble des hivernants (en moyenne 20 personnes) puissent subsister dans de bonnes conditions de vie et se délecter de plats variés, les repas sont des moments privilégiés très importants pour que l’ambiance reste au beau fixe.

C’est pourquoi le district dispose de plusieurs chambres frigorifiques positives et négatives pour assurer cette mission, et il incombe à la centrale d’en assurer l’entretien. Le parc est constitué de 6 chambres négatives (- 20°C) baptisées : ASTERIX/OBELIX/LOIRE/QUERCY/PROVENCE et le fameux, désormais célèbre, SAVOIE ; et 2 chambres positives (+4°C) : MACONNEE/ROUERGUE.



La sécurité




En matière de sécurité incendie, il faut assurer la formation des hivernants sur le matériel sécurité mis à notre disposition sur le district, aux techniques d’interventions  contre les sinistres, aux actions réflexes à mener en cas de problème.






 

Le cabanon




Enfin, les équipiers de la centrale ont aussi la responsabilité de s’occuper du cabanon des marins, lieu privilégié où il fait bon vivre après une semaine de travail bien remplie. Les repas type barbecue, raclette et fondue peuvent y être organisés et assurer ainsi un moment de détente pour tous, un coin à part au sein de la base qui change un peu du quotidien.







             

                                                                                                               Les Centraliens
                                                                                                                Chris et John