Il est vrai que dans ces terres australes et sauvages nous sommes éloignés de tout. Une fois le début de l’hivernage commencé, il faut se préparer à vivre isolé de toute civilisation, du monde extérieur… Ou presque. Mais il arrive parfois que nous recevions une visite inattendue.
Le navire Albatros, patrouilleur de grand renom, s’est aventuré sur le district de St Paul et Amsterdam le temps de quelques jours en ce mois de février. Bateau de surveillance de la marine nationale, il est le doyen de sa catégorie. Construit en 1967, il a d’abord vécu en tant qu'unité de pêche (le "Nevez") jusqu’à ce qu’il soit racheté par la Marine dans les années 80. Depuis, il a effectué 80 rotations en 31 ans de vie dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises pour protéger les richesses océaniques de ces zones. Équipé d’un canon de 40mm, il navigue dans les eaux des ces terres australes pour dissuader les navires pratiquant la pêche illégale de sévir. Il lui arrive même de patrouiller jusqu’au 53°sud (îles Heard et Mac Donald) territoire australien où l’on peut d’ores et déjà croiser des icebergs. Du long de ses 85m, son ancienneté fait de lui un bateau solide. Sa conception générale est néanmoins dépassée et après toutes ces années de bons et loyaux services, il effectue cette année sa dernière rotation.
Bien évidemment, quand un événement de ce genre arrive sur le district, tout le monde se sent concerné. Cela fait toujours plaisir d’avoir de la visite dans ces terres reculées. La base devient vite effervescente et donne tout son possible pour accueillir de son mieux les visiteurs de passage. Pour cette fois-ci, nous avons eu la chance de voir débarquer les marins de l’Albatros et, inversement, l'état de la mer nous a permis de monter sur le bateau et de découvrir sa vie et son histoire.
Pour les marins, le débarquement est mouvementé. Amsterdam semble toujours aussi difficile à approcher et ce sont des naufragés sur les rochers que nous récupérons, après un petit retournement de Zodiac dû à la houle. Heureusement, aucun blessé n'est à déplorer, juste un moteur abîmé en guise de dégâts matériels. Une fois à terre, un temps clément nous permet de leur proposer un petit barbecue pour le midi et des activités en extérieur comme une visite de la base, des jeux sur le terrain de sport ou encore de petites randos.
Pour ce qui nous concerne, après un petit transit en embarcation pneumatique, nous voici à bord de l’Albatros. Au programme, visite guidée du bateau le matin, repas copieux le midi dans l'un ou l'autre des carrés et pour l’après-midi, session de pêche plage arrière.
Nous avons pu profiter du pont extérieur pour découvrir notre île d’un autre point de vue.
Après ces deux journées bien animées, l’Albatros est reparti vers son port d'attache à La Réunion d'où il repartira dans quelques temps pour de nouvelles escales et rejoindra Brest pour y achever sa vie bien remplie. Dans le même temps, la base Martin de Viviès a retrouvé sa quiétude, le bruit de la mer, du vent et le chant des otaries, comme si rien ne s’était passé.
Joyce
Chimiste et Marinette d'un jour
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