mercredi 19 avril 2023

LES DÉPOLLUEURS DE L'ÎLE SAINT-PAUL

L'île Saint-Paul est un minuscule caillou de 8 km² perdu aux confins de l'Océan Indien, au sud de l’île Amsterdam. Rattachée au district de Saint-Paul et Amsterdam, elle est classée comme réserve naturelle nationale depuis 2006.

L'île est placée en Zone de Protection Intégrale. L’accès y est interdit, sauf en cas de force majeure, de nécessité d’exercice de la souveraineté, ou d’action exceptionnelle dans le cadre de la recherche scientifique. Alors, une dérogation peut être accordé par la Préfète des Terres australes et antarctiques françaises.

De même, les eaux qui bordent l’île, ainsi que celles du cratère, sont placées en Zone de Protection Renforcée Marine. Toute activité de pêche, ainsi que tout rejet de déchets, y compris organiques, y sont interdits. Et pourtant, il faut parfois intervenir pour nettoyer cet écrin.

Une manip de dépollution a eu lieu au sein même du cratère Saint-Paul le 11 avril dernier. L’objectif était double, ramasser le plus de déchets possible et scruter le sol à la recherche d’indices de présence de rat, espèce éradiquée en 1997 mais dont quelques doutes subsistent quant à la présence d’individus.

Entrer dans un endroit aussi majestueux en regardant ces imposantes falaises qui nous surplombent et baisser les yeux pour y ramasser tout ce que le cratère accumule en plastique est un effrayant contraste. La quantité de détritus sur le bord du cratère est désolante pour un endroit ainsi perdu à des milliers de kilomètres de la première ville et où la présence humaine est très ponctuelle. Cordage et matériaux de pêche, bouteilles de plastique de toute provenance (Japon, Indonésie, Allemagne…), brosses à dent, sandales… L’énumération entache l’idée même de paradis inviolé que représente à nos yeux cette réserve en protection intégrale. 

 

Aucun indice de présence de rat n’aura été trouvé, les souris qui avaient échappées à l’éradication sont quant à elles bien présentes et de tailles impressionnantes ; pouvant donc expliquer une possible confusion.

S’il est difficile de passer outre ce que notre société vomit à la figure de l’océan, le fait de déambuler sur ces plages de sable et de roche pleines d’otaries d’où jaillissent des sources chaudes est un immense privilège. Ainsi cerclé par les vestiges volcaniques, cette petite mer intérieure offre à l’hivernant habitué aux humeurs de l’océan qui s’éclatent en permanence contre les côtes de l’île Amsterdam, une quiétude forteresse. 

Sources chaudes et traces de souffre.

  



Texte : Brieuc LEBALLEUR

Crédit photographique : Brieuc LEBALLEUR