Les otaries à fourrure subantarctique :
Focus sur leur étude, leur biologie et l’état de leurs populations à Amsterdam
Programme d’études
Depuis une trentaine d’année, les otaries à fourrure subantarctique (Arctocephalus tropicalis) sont suivies très finement par une équipe de scientifiques, travaillant dans les Terres australes et antarctiques françaises, avec le soutien de l’IPEV, au profit du Centre d’Études Biologiques de Chizé (CEBC-CNRS).
Au sein du district de Saint Paul et Amsterdam, c’est Jérémy Dechartre (VSC) qui est chargé de ces études.
Ces études sont menées dans le cadre d’un programme (109), appelé « Oiseaux et mammifères marins, sentinelles des changements globaux dans l’océan austral ».
Son objectif consiste à comprendre comment les changements climatiques affectent les populations de prédateurs marins. L’équipe travaille à la fois à l’échelle des populations et des individus (suivis à long terme). Une des spécificités de ce programme est d’étudier le comportement alimentaire des otaries pour comprendre comment les variations précitées (climatiques et océanographiques) affectent leurs populations.
Pour cela, les travaux de recherche s’articulent autour des thèmes suivants :
· comment les individus recherchent leur nourriture en fonction de la distribution et de l’abondance des ressources marines ;
· de quelles façons ils vont investir ces ressources dans la reproduction ;
· quelles en sont les conséquences pour leurs populations.
Concrètement, sur le terrain, cela se traduit par le suivi méticuleux d’un échantillon d’otaries marquées individuellement avec des identifiants uniques. L’équipe étudie entre autre l’espérance de vie, le succès reproducteur, la fidélité au site de reproduction ou encore l’évolution de la descendance des individus.
Un
soin particulier est porté à la croissance des jeunes, de leur
naissance à leur premier départ en mer. Pour cela, un échantillon de
jeunes est marqué puis pesé toutes les deux semaines et mesuré chaque
mois.
Biologie et état des populations
L’Otarie à fourrure subantarctique (Arctocephalus tropicalis) est le seul mammifère marin se reproduisant sur l'île Amsterdam.
D’anciens documents du XVIe et XVIIe siècle relatent des quantités incroyables d’otaries (population estimée à plus de 100 000 individus), à tel point de gêner toute tentative de débarquement. L'exploitation des otaries se développa à outrance au cours du XVIIIe et XIXe siècle et le nombre de prises pour Saint-Paul et Amsterdam a largement dépassé les 150 000 individus.
L’espèce a beaucoup souffert de la chasse au cours du XVIIIe et XIXe siècle. À titre d'exemple, début juin 1789, l'équipage du Mercury tua 1 200 otaries en seulement neuf jours sur l'île Saint-Paul. Les pressions de chasse étaient équivalentes voire supérieures sur Amsterdam.
Sur ces deux îles, les otaries étaient devenues extrêmement rares, à tel point qu’à la fin du XIXe siècle, on crut la population de l’île éteinte.
Dans les années 1950, seulement trois colonies de reproduction avaient subsisté regroupant au total 1500 individus.
Aujourd'hui, l'espèce s'est bien rétablie et a recolonisé la quasi-totalité du rivage d'Amsterdam. Plusieurs dizaines de colonies sont de nouveau installées sur tout le pourtour de l’île, et la population dépasse les 60 000 individus. Le principal site d'étude pour cette espèce se situe à la Mare aux Éléphants (MAE) juste à côté de la base Martin de Viviès.
Aujourd'hui, l'espèce s'est bien rétablie et a recolonisé la quasi-totalité du rivage d'Amsterdam. Plusieurs dizaines de colonies sont de nouveau installées sur tout le pourtour de l’île, et la population dépasse les 60 000 individus. Le principal site d'étude pour cette espèce se situe à la Mare aux Éléphants (MAE) juste à côté de la base Martin de Viviès.
L’espèce appartient au clade des « pinnipèdes » au même titre que l'Éléphant de mer ou le Léopard des mers.
Les mâles peuvent mesurer jusqu'à 1,80 m et peser plus de 160 kg.
Les mâles peuvent mesurer jusqu'à 1,80 m et peser plus de 160 kg.
Les jeunes, appelés « pups », sont de couleur noir profond jusqu’à la première mue où ils acquièrent la coloration adulte, marron-grisâtre. Ils pèsent en moyenne 4 kg et mesure 50 cm à la naissance.
Lors de la saison de reproduction, les mâles, arrivent plus tôt sur les plages rocheuses et se constituent des harems allant de 5 à 15 femelles. La maturité sexuelle est atteinte entre 4 et 6 ans pour les femelles et entre 6 et 8 ans pour les mâles.
La période d’accouplement s’étale sur 2 mois. Les mâles ne s’alimentent pas durant toute cette phase car ils exercent un contrôle continu sur leur territoire. Ils interdisent ainsi tout passage éventuel d’un autre mâle concurrent.
L’accouplement, la mise bas et l’allaitement ont lieu au niveau des colonies de reproduction et sont les mêmes d'une année sur l'autre. Aussi, il semblerait qu’il y ait des accouplements en mer. La gestation dure environ 8 mois.
Les femelles arrivent sur les colonies seulement un ou deux jours avant la mise bas. Le pic des naissances se situe à la mi-décembre. L'allaitement s'étale sur 10 à 11 mois. Pendant cette période, les femelles vont alterner les phases d'allaitement sur les colonies avec des voyages en mer pour reconstituer leurs réserves énergétiques.
En moyenne elles passent de 1 à 3 jours à terre pour 5 à 12 jours en mer. Elles trouvent couramment leur nourriture à proximité de l'île mais elles exploitent également des zones de pêche plus éloignées, situées dans un rayon de 600 à 1800 km autour de l’île.Généralement, elles exploitent les eaux de surface jusqu’à 50 m de profondeur, mais, lors de courtes plongées exceptionnelles, elles peuvent descendre à 200 m de profondeur.
Ces plongées durent un peu moins de 7 minutes.
Les otaries sont opportunistes, elles se nourrissent de calmars, poissons et de krill. Il arrive que des cas de prédation sur des gorfous soient rapportés.
Les mâles ont une espérance de vie moyenne de l’ordre de 12 ans alors que les femelles vivent environ 20 ans.
Texte et photos : Jérémy DECHARTRE / Jean-Charles MEGIAS
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