Merci Célestin !

Le 13 novembre, la base d’Amsterdam était tout émue de voir Célestin embarquer dans l’hélico de fin de mission. Départ d’Amsterdam, départ vers la retraite. Célestin est un grand Monsieur qui a travaillé au service des Terres australes et antarctiques françaises avec loyauté, professionnalisme et constance. Depuis le 19 mars 2002, il a effectué 16 missions représentant 10 ans, 10 mois et 7 jours sur districts, à raison de :

• 3 missions sur le district de l’archipel Crozet totalisant 607 jours sur la base Alfred Faure,
• 9 missions sur le district de l’archipel Kerguelen totalisant 1896 jours sur la base de Port-aux-Français et
• 4 missions sur le district de l’île Amsterdam totalisant 1463 jours sur la base de Martin-de-Viviès.

Célestin a aussi reçu la médaille de bravoure des TAAF à Kerguelen en 2022.

Aujourd’hui, Célestin a l’âge de partir à la retraite, une retraite bien méritée. Avant son départ, il nous a livré quelques confidences.

Crédits : Elzéar Hamard-Mulot

 J’ai commencé à travailler pour les TAAF en mars 2002, lors de l’OP1. J’avais postulé en novembre 2001. J’avais en effet envie de travailler et de découvrir un autre milieu professionnel que ceux que je connaissais déjà. Ce travail était important pour moi car il permettait de nourrir ma famille et également de développer de nouvelles compétences. Je voulais aussi découvrir autre chose que Madagascar et la Réunion. Ainsi, j’avais envie d’aller dans les TAAF pour leur côté « nature » ; j’ai eu la chance de pouvoir y voir des éléphants de mer, des oiseaux…

Je considère les TAAF comme mes parents, des parents qui élèvent, emmènent à l’école, font grandir, nourrissent. J’y ai beaucoup appris, sur le plan professionnel et aussi en ce qui concerne la vie sociale et la vie commune. J’ai beaucoup aimé travailler dans les TAAF car à chaque nouvelle mission, j’ai découvert de nouveaux aspects et pu vivre toujours de nouvelles expériences.

Je suis entré en tant qu’ouvrier polyvalent ; j’ai ainsi pu toucher à tout et avoir plusieurs cordes à mon arc : la maçonnerie, les engins (j’ai pu passer mon CACES), le travail en hauteur… mais ce que je préfère, c’est le bardage. C’est ce que je trouve de plus intéressant. Au fil des ans, j’ai gagné en expérience et je suis devenu chef d’équipe. Au départ, c’est un peu bizarre de diriger une équipe, mais ça se fait, et plutôt bien, avec du respect réciproque, du partage, de la convivialité. Au cours de mes missions, j’ai continué à apprendre et à participer au collectif : premiers secours, pompier… mais aussi le billard ! (Célestin est un vrai champion !)

Les TAAF ont évolué. Il y a encore 8 ans, je peignais les bâtiments à Amsterdam, aujourd’hui, on pose du bardage métallique pour améliorer les bâtiments et le confort de vie des résidents. Cela facilitera aussi l’entretien et le travail des infras.

A côté de mon travail dans le bâtiment, j’ai développé mon talent en musique : je suis auteur compositeur et ai joué dans des orchestres. Grâce à mon matériel d’enregistrement, j’ai pu composer de la musique chez moi ou dans les TAAF. J’ai ainsi créé des chansons sur place, à Amsterdam, Crozet et Kerguelen. Elles parlent de la distance, de l’éloignement avec la famille, mais aussi des gens sur place : certaines de ces chansons célèbrent la convivialité et l’amitié que l’on trouve en mission. Sans cette convivialité, ça ne peut pas marcher. C’est comme pour le permis de conduire, si tu ne l’as pas, tu te fais arrêter, tu ne peux pas conduire. Si tu n’as pas cette convivialité, la mission ne peut pas fonctionner, ça ne roule pas. Ici, il faut toujours penser la vie avec convivialité pour que ça fonctionne.

C’est sûr que les TAAF vont me manquer ; j’ai l’habitude d’y venir depuis 22 ans, cela rythme ma vie ; je garderai des liens avec des amis rencontrés sur les différents districts. Maintenant, je suis en fin de carrière et je vais pouvoir profiter de ma famille, notamment de ma petite dernière qui a neuf ans. Je vais passer à autre chose, et pour ce passage, je vais cette fin d’année en métropole pour voir ma famille. Je rentrerai avec ma fille pour la rentrée des classes en janvier.

 

Célestin, nous te souhaitons une bonne route, avec ta famille et ce beau souvenir des TAAF. Nous, nous nous souviendrons de toi, c’est certain : Merci Célestin pour ton sourire, ton rire, ta sagesse, ton amitié, ta convivialité.

Crédits : Elzéar Hamard-Mulot