Un ancien campement de
naufragés retrouvé par des agents de la Réserve naturelle
Le 4
décembre dernier, lors d’une mission de reconnaissance dans le cadre du
programme de restauration des écosystèmes insulaires de l’océan Indien (RECI) dans le secteur de la Pointe Vlaming,
l’équipe de « mamintro » de la réserve
naturelle nationale des Terres australes françaises, composée de Samuel Uzan-Allard
et Clément Legeay, a pu observer quelques débris de
céramique dispersés sur le sol.
Les
agents, sensibilisés et formés à la collecte d’observations opportunistes relatives
au patrimoine historique, ont eu les bons réflexes et ont pris le temps
d’autres observations sur le site. Ainsi, ce sont également des clous en
cuivre, des boutons de vêtements et des morceaux de verre qui ont pu être
photographiés. Sans toucher ni déplacer les vestiges comme ils l’ont appris en
formation afin de ne pas détruire les informations pouvant être cachées sur ce
site archéologique, Samuel et Clément ont communiqué leur découverte au chef de
district, Christophe Bellon, et à la chargée du patrimoine historique des TAAF,
Laëtitia Thérond, dont le passage à Amsterdam était
prévu lors de l’OP4.
Une
nouvelle visite sur le site a ainsi pu être organisée le 24 décembre dans le
cadre de l’OP4, afin de compléter les observations et évaluer le potentiel
patrimonial du site, en vue de la rédaction d’un rapport pour l’administration
supérieure des TAAF et le ministère de la Culture.
Le
site archéologique, signalé par quelques hivernants d’anciennes missions sur
l’île Amsterdam, n’avait jusqu’alors pu être localisé, et le petit mobilier
archéologique n’avait pas été ré observé. La récente redécouverte par des
agents de terrain qui ont eu les bons réflexes permet donc d’enrichir la carte
archéologique des Terres australes et antarctiques françaises.
L’histoire du naufrage
La
présence d’une inscription sur un bouton en cuivre observé sur le site indique
la ville de GRAVESEND qui est le lieu de départ d’un des navires ayant fait
naufrage au sud de l’île Amsterdam : le Meridian.
Ce
bateau, parti de Gravesend en Angleterre, naviguait à destination de Sydney
avec à son bord 84 passagers (dont 17 femmes et 41 enfants), pour la plupart
émigrant vers l’Australie, et 23 membres d’équipage.
Le
navire fit naufrage le 24 août 1853 à proximité de la Pointe Vlaming. Trois personnes dont le capitaine périrent durant
le naufrage tandis que les autres parvinrent à regagner le rivage.
Le
récit d’un des naufragés, le juge Alfred Lutwyche qui
avait choisi d’émigrer en Australie, fut publié à Melbourne dès février 1854.
Il est également paru dans les numéros 83 à 85 de la Revue australe et polaire éditée par l’AMAEPF.
Il
nous apprend ainsi les conditions du naufrage, raconte l’établissement d’un
campement de fortune puis le sauvetage.
Les
naufragés eurent en effet la chance d’être repérés une semaine après le
naufrage par le navire baleinier le Monmouth. Il leur fallut cependant un ultime effort
avant d’embarquer, ils durent traverser l’île à pied en plusieurs jours pour
atteindre un lieu d’embarquement moins périlleux (probablement situé dans le
secteur de la base Martin de Viviès). Le 9 septembre,
tous les passagers étaient enfin à bord du Monmouth.
Le bateau mit alors le cap vers l’île Maurice où il arriva le 26 septembre. La
plupart des passagers reprirent la direction de Sydney quelques semaines plus
tard et atteignirent ainsi l’Australie le 30 décembre 1853.
Pour
aller plus loin :
-
LUTWYCHE,
Alfred, Récit du naufrage du Meridian sur
l’île d’Amsterdam, Revue Australe et Polaire, N°83 à 85, juillet 2018-
décembre 2018- juillet 2019, Amicale des Missions Australes et Polaires
-
LUTWYCHE,
Alfred, Récit du naufrage du Meridian sur
l’île d’Amsterdam consultable sur le site internet de la National Library
of Australia Rʹecit du naufrage du "Meridian" sur l'isle d'Amsterdam (nla.gov.au)
-
VERDENAL,
Yannick, Voyage austral dans le temps,
Saint Paul et Amsterdam édition Gérard Louis (septembre 2004)
Quelle découverte extraordinaire ! Merci beaucoup pour cet article très complet. J'ose à peine imaginer l'angoisse des naufragés, tiraillés entre la joie d'avoir pu rejoindre un rivage, terrorisés par le souvenir de la catastrophe toute récente et hantés par les aléas d'un hypothétique sauvetage.
RépondreSupprimerCordialement,
Pierre M.
Voilà une bien belle histoire.
RépondreSupprimerMerci de nous l'avoir racontée.
J'ai maintenant une question à vous poser : Une restauration du quai de votre base est-elle programmée ? J'étais de passage sur Ams à OP4 de 2015, de retour de Ker, et j'avais fait alors un diagnostic de l'état du quai.
Bon courage.
Je pense aux TAAF tous les jours.
QuaiKer