Le district de Saint Paul et Amsterdam a la chance de recevoir pendant quelques mois Guillaume Lambert, auteur-metteur en scène de théâtre.
Il prend la plume pour se présenter et dévoiler son projet.
Depuis
décembre dernier et jusqu’à avril prochain, je suis en résidence sur l’île
Amsterdam pour mener une recherche artistique théâtrale. Pendant quatre mois,
je plonge dans la vie de l’île et de ses habitants pour écrire et mettre en
scène un spectacle sur ma traversée ici. Dans les deux ans qui suivront cette
résidence, je jouerai ce spectacle dans des théâtres à la Réunion et en
métropole.
Il prend la plume pour se présenter et dévoiler son projet.
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© Rémi Lambert |
L’Atelier
des Ailleurs est une résidence d’artistes co-organisée par les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) et la Direction des Affaires Culturelle (DAC)
de la Réunion. Tous les deux ans, deux artistes sont sélectionnés suite à un
appel à projet pour partir en résidence à Kerguelen, Crozet ou Amsterdam. La
DAC verse une bourse de 6000€ pour financer cette recherche et facilite la
rencontre avec les théâtres réunionnais. C’est la cinquième édition de
l’Atelier des Ailleurs mais seulement la deuxième fois qu’un artiste choisit
l’île Amsterdam. La précédente, Estelle Nollet, en a écrit un roman, Community, publié aux éditions Albin
Michel.
Dans mon cas
ce sera un spectacle théâtral que je jouerais en solo. Je suis venu ici avec
l’envie d’explorer les relations entre les humains et les non-humains. Et l’île
en regorge, que ce soit les otaries qui ceinturent l’île, les albatros qui
nichent dans les falaises, les scirpes et les herbes qui recouvrent l’île, mais
aussi la roche volcanique, les tunnels de lave, les cratères, le vent qui
enveloppe tout et l’océan pour horizon. Bien souvent on a le mot
« magique » qui vient à l’esprit pour qualifier ces éléments. C’est
cette part de magie que je veux explorer, les choses qu’on a l’impression
d’entendre des animaux, les choses qu’on leur dit, les fantômes de l’île qui
rodent dans les conversations, les associations et les évocations que suscitent
les paysages. Je veux chercher comment avoir une relation plus magique et
animiste aux éléments qui nous entourent, et ce pour explorer une relation plus
égalitaire, moins dominatrice, invasive et destructrice avec notre habitat.
Concrètement,
comment je travaille. C’est tout d’abord me plonger dans la vie de la base, me
joindre aux manips scientifiques, à la vie logistique de la base, à ses
événements festifs, tout cela pour rencontrer les personnes et apprendre de
leurs relations à l’île. Je suis toujours à l’affut des moments de magie qui
peuvent se nicher dans le quotidien, des conversations qu’on a avec une otarie,
des rumeurs sur les disparus de l’île, de la contemplation des falaises et de
l’océan infini... J’écris ces moments que j’observe pour en faire la collecte
en attendant de les agencer dans le récit de mon spectacle. Je m’entraine à en
faire le récit par une correspondance que j’entretiens régulièrement.
Ensuite,
c’est régulièrement faire des expériences artistiques avec les éléments et les
gens : crier un poème dans un tunnel de lave, officier une messe laïque
sur une falaise, s’enterrer nu sous des pierres puis renaître, s’allonger dans
la paume d’un cratère, ritualiser les discussions au petit-déjeuner sur nos
rêves de la nuit... De ces expériences personnelles, je propose des ateliers
plus collectifs pour tester en groupe certaines manières de jouer et raconter
des histoires. Je me constitue ainsi pleins de protocoles qui m’aideront à
écrire et jouer mon solo au final.
Cette résidence s’inscrit
pleinement dans la suite de mes précédents travaux. Depuis 2015 où je me suis
lancé professionnellement, je cherche à rapprocher le théâtre institué des
moments de théâtres quotidiens qui se nichent dans les cérémonies, les jeux,
les rôles qu’on se donne. Ainsi avec la compagnie instant dissonant,
j’ai créé deux formes théâtrales singulières, un repas-spectacle sur l’histoire
de nos pas de côté, Petits effondrements
du monde libre (2018), et une fête d’enterrement, Mes parents morts-vivants (2019). En parallèle, je me suis formé à
l’écriture et à la mise en scène en assistant Joël Pommerat sur ses créations,
notamment Ça ira 1 Fin de Louis et
son travail en détention à la maison centrale d’Arles depuis 2015.
Amsterdam
est une île magique, non pas déserte, mais pleine de toutes les vies qui y
trouvent refuge. La réserve naturelle travaille à conserver cet état protégé des
destructions humaines. Les programmes scientifiques travaillent à améliorer nos
connaissances sur l’écosystème de l’île. Je travaille à créer de nouvelles
manières pour habiter le monde, vivre plus proche de la terre, en interaction
avec tout ce qui y vit. Je milite pour accoler aux dynamiques patrimoniales de
la réserve naturelle, une dynamique de créations artistique et humaine. À quand
une permanence artistique sur les îles australes françaises ?
Pour la
création et la conservation de l’île Amsterdam
Merci pour cet article j'ai très bien aimé .Mon article préféré est un artiste à Amsterdam. J'espère que vous allez bientôt publier d'autres articles si intéressant
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