dimanche 16 novembre 2014

Ils ont pris le large


Partis nager de leurs propres palmures…

Voilà, c’est terminé… nos chers et tendres petits d’otaries — pups en langage amstellodamois — ont mis le cap vers le grand large et ont abandonné les côtes rocheuses de l’île. Il aura donc fallu, à nos attachants compagnons d’hivernage, 10 mois pour être suffisamment aptes à supporter les rudesses de l’océan. La majorité d’entre eux ne va revenir sur l’île qu’au bout de quatre années, quatre longues années où ils vont notamment devoir éviter de croiser l’appétit vorace des orques et les dents acérées des requins qui peuplent l’Océan Indien.
















De leur naissance sur l’île à leur départ en mer, les pups ont alterné longues périodes de jeûne et très courts instants de nourrissage. Leurs courageuses mères ont sans cesse ajusté leur stratégie de pêche pour pouvoir assurer leur propre survie ainsi que celle de leur unique petit. Au cœur de l’hiver austral, les conditions environnementales de l’océan les poussent à exploiter des zones éloignées jusqu’à 1 500 km de l’île parfois. 




















L’île d’Amsterdam et sa Mare aux Eléphants constitue l’une des colonies les plus étudiées. C’est pour acquérir un certain nombre de données essentielles à leur conservation que j’ai passé, avec les fidèles manipeurs, beauuuuucoup de temps à la MAE (Mare aux Eléphants) dans le cadre du programme scientifique « Oiseaux et mammifères marins sentinelles des changements globaux dans  l’océan Indien ». L’écologie alimentaire, la dynamique de la population, le suivi de croissance des petits sont autant de sujets d’étude indispensables à la connaissance et la protection de cette espèce, ainsi que de celles situées à d’autres niveaux trophiques.  



Les otaries d’Amsterdam se reproduisent sur l’estran rocheux qui ceinture l’île. La physionomie du trait de côte à proximité de la base est telle qu’elles remontent régulièrement s’affaler juste à côté des bâtiments. Bon, oubliez tout de suite cette image des otaries dans les parcs qui nagent dans des piscines en avalant les sardines en boites. Ici, elles sont dans leur milieu de reproduction originel, chez elles. Nous les côtoyons chaque jour et il n’est vraiment pas conseillé de s’éloigner de la base sans son fidèle bâton de bois. Sans lui, c’est incroyable à quel point on peut se sentir démuni et incapable de se protéger face aux agressives menaces de certaines.
Malgré tout, ça reste un plaisir incroyable d’observer de telles espèces dans leur élément. Leur comportement, leurs habitudes et leur incroyable biologie nous étonneront toujours.




























Romain BAZIRE,
ornithologue,
créateur de rêve pour manipeur.

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