jeudi 27 février 2020

Le Nivôse en escale


Ⓒ Cécile Baron
Les frégates de surveillance (FS) de la marine nationale sont chargées du contrôle de la zone économique exclusive (ZEE), de la police de la navigation, de la surveillance des espaces maritimes et de leurs ressources, de la police des pêches et de la lutte contre le narcotrafic.
Ⓒ Geoffroy Cammarata

Dans ce cadre, le Nivôse, l'une de ces frégates de surveillance, a participé dans les eaux du district de Saint-Paul et Amsterdam, aux missions de souveraineté et de protection de intérêts de la France.

Son passage a permis une halte sur la base Martin de Viviès et des échanges conviviaux entre les marins et les hivernants du district, à terre comme sur le navire.

L'escale a été courte (deux jours) et les conditions climatiques n'ont pas permis de réaliser toutes les opérations programmées : 
- participation à un exercice d'évacuation sanitaire par voie héliportée ;
- maintenance du relais radio (26) ;
- embarquements ou débarquements pour un nombre important de marins et hivernants.
 

Ⓒ Emmanuelle Guiguen
Ⓒ Emmanuelle Guiguen


Toutefois, une mission de dépollution a été menée au nord-ouest de l'île, à la pointe de la Recherche, avec la récupération de déchets venant de la mer.

Ⓒ Jean-Charles Megias
Même si le nombre d'invités à terre ou sur la frégate ont été revus à la baisse à cause de l'impossibilité d'utiliser la cale de manière sécurisée, les instants d'échanges ont été fortement appréciés aussi bien par l'équipage de la frégate que par le personnel du district.

Ⓒ Geoffroy Cammarata



Beaucoup d'hivernants se sont investis pour la réussite de ces deux journées et ont vécu des moments chaleureux et de cohésion.









Ces visites montrent l'importance de la souveraineté et le rôle de l'armée dans ce domaine, en particulier sur les territoires lointains de la métropole. 
Ⓒ Rémi Lambert

lundi 24 février 2020

Un artiste à Amsterdam


Le district de Saint Paul et Amsterdam a la chance de recevoir pendant quelques mois Guillaume Lambert, auteur-metteur en scène de théâtre.
Il prend la plume pour se présenter et dévoiler son projet.

 ***
© Rémi Lambert
Depuis décembre dernier et jusqu’à avril prochain, je suis en résidence sur l’île Amsterdam pour mener une recherche artistique théâtrale. Pendant quatre mois, je plonge dans la vie de l’île et de ses habitants pour écrire et mettre en scène un spectacle sur ma traversée ici. Dans les deux ans qui suivront cette résidence, je jouerai ce spectacle dans des théâtres à la Réunion et en métropole.

L’Atelier des Ailleurs est une résidence d’artistes co-organisée par les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) et la Direction des Affaires Culturelle (DAC) de la Réunion. Tous les deux ans, deux artistes sont sélectionnés suite à un appel à projet pour partir en résidence à Kerguelen, Crozet ou Amsterdam. La DAC verse une bourse de 6000€ pour financer cette recherche et facilite la rencontre avec les théâtres réunionnais. C’est la cinquième édition de l’Atelier des Ailleurs mais seulement la deuxième fois qu’un artiste choisit l’île Amsterdam. La précédente, Estelle Nollet, en a écrit un roman, Community, publié aux éditions Albin Michel.

Dans mon cas ce sera un spectacle théâtral que je jouerais en solo. Je suis venu ici avec l’envie d’explorer les relations entre les humains et les non-humains. Et l’île en regorge, que ce soit les otaries qui ceinturent l’île, les albatros qui nichent dans les falaises, les scirpes et les herbes qui recouvrent l’île, mais aussi la roche volcanique, les tunnels de lave, les cratères, le vent qui enveloppe tout et l’océan pour horizon. Bien souvent on a le mot « magique » qui vient à l’esprit pour qualifier ces éléments. C’est cette part de magie que je veux explorer, les choses qu’on a l’impression d’entendre des animaux, les choses qu’on leur dit, les fantômes de l’île qui rodent dans les conversations, les associations et les évocations que suscitent les paysages. Je veux chercher comment avoir une relation plus magique et animiste aux éléments qui nous entourent, et ce pour explorer une relation plus égalitaire, moins dominatrice, invasive et destructrice avec notre habitat.

Concrètement, comment je travaille. C’est tout d’abord me plonger dans la vie de la base, me joindre aux manips scientifiques, à la vie logistique de la base, à ses événements festifs, tout cela pour rencontrer les personnes et apprendre de leurs relations à l’île. Je suis toujours à l’affut des moments de magie qui peuvent se nicher dans le quotidien, des conversations qu’on a avec une otarie, des rumeurs sur les disparus de l’île, de la contemplation des falaises et de l’océan infini... J’écris ces moments que j’observe pour en faire la collecte en attendant de les agencer dans le récit de mon spectacle. Je m’entraine à en faire le récit par une correspondance que j’entretiens régulièrement.

Ensuite, c’est régulièrement faire des expériences artistiques avec les éléments et les gens : crier un poème dans un tunnel de lave, officier une messe laïque sur une falaise, s’enterrer nu sous des pierres puis renaître, s’allonger dans la paume d’un cratère, ritualiser les discussions au petit-déjeuner sur nos rêves de la nuit... De ces expériences personnelles, je propose des ateliers plus collectifs pour tester en groupe certaines manières de jouer et raconter des histoires. Je me constitue ainsi pleins de protocoles qui m’aideront à écrire et jouer mon solo au final.

Cette résidence s’inscrit pleinement dans la suite de mes précédents travaux. Depuis 2015 où je me suis lancé professionnellement, je cherche à rapprocher le théâtre institué des moments de théâtres quotidiens qui se nichent dans les cérémonies, les jeux, les rôles qu’on se donne. Ainsi avec la compagnie instant dissonant, j’ai créé deux formes théâtrales singulières, un repas-spectacle sur l’histoire de nos pas de côté, Petits effondrements du monde libre (2018), et une fête d’enterrement, Mes parents morts-vivants (2019). En parallèle, je me suis formé à l’écriture et à la mise en scène en assistant Joël Pommerat sur ses créations, notamment Ça ira 1 Fin de Louis et son travail en détention à la maison centrale d’Arles depuis 2015.

Amsterdam est une île magique, non pas déserte, mais pleine de toutes les vies qui y trouvent refuge. La réserve naturelle travaille à conserver cet état protégé des destructions humaines. Les programmes scientifiques travaillent à améliorer nos connaissances sur l’écosystème de l’île. Je travaille à créer de nouvelles manières pour habiter le monde, vivre plus proche de la terre, en interaction avec tout ce qui y vit. Je milite pour accoler aux dynamiques patrimoniales de la réserve naturelle, une dynamique de créations artistique et humaine. À quand une permanence artistique sur les îles australes françaises ?

Pour la création et la conservation de l’île Amsterdam
©yann slama - festival champ libre
Guillaume Lambert, 20 février 2020

jeudi 6 février 2020

Fête annuelle d'Amsterdam - un défilé pas comme les autres



Fête annuelle d’Amsterdam : le défilé du 26 janvier.

Voici en images la naissance d’une tradition à Amsterdam : 
le défilé des services de la base, en souvenir du lancement de la première mission soixante-dix ans plus tôt.

L'idée de faire une journée commémorative en l'honneur des pionniers des missions sur le district de Saint-Paul et Amsterdam vient du récit qu'en fait Martin de Viviès, le chef de la première mission.

"Enfin, le 26 janvier 1950, par temps et mer idéalement beaux, le quatre-vingt-huitième et dernier radeau, portant la Jeep, est déchargé dans l’allégresse générale. Les visages sont sales, pas rasés, émaciés mais radieux. Des bidons de troupier coule le vin concentré de l’intendance dans les quarts que marins et terriens entrechoquent joyeusement. L’avenir peut être envisagé avec confiance […] À l’unanimité, le 26 janvier est proclamé fête annuelle de l’île Amsterdam, et chacun promet d’en célébrer l’anniversaire, du moins par la pensée."
 
C’est dans le respect de cette volonté de faire du 26 janvier une fête de l'île, que plusieurs activités ont été organisées (défilé des services, jeux divers, barbecue, bal des pompiers),

Jean-Charles MEGIAS, le DISAMS, a ouvert la cérémonie en retirant (là ou d'autres avaient échoué) la clé du district, l'Excalibur locale, coincée dans le mât de l’avenue "Les champs de Viviès".

Il a été suivi de près par le chef des cuisines (Olivier  T.) et son second (Alex F.) qui ont offert du pain, du fromage et du jambon pour satisfaire la gourmandise du public.
 
Sur le générique d’Urgences, le médecin (Sylvia Z.) et ses infirmiers (Laura N. et Lilian E.) ont ensuite transporté un patient placé sous camisole de force (Guillaume P). Mais l’enragé s’est malheureusement réveillé, a sauté du brancard, et a disparu sur l’île sans que nous l’attrapions à temps. Nous n’avons pas de nouvelles de lui à ce jour.



Ce fut ensuite au tour des guerriers de la Révolution Naturelle de défiler sous leur étendard (Florian G., Thomas B., Geoffroy C., et Samuel U-A.). Dénonçant l’arrivée des humains il y a 70 ans comme "le début de l’occupation arbitraire et dominatrice de ce territoire sauvage". Leur guide spirituel a appelé à "mettre fin cette oppression de la Faune et à cette destruction de la Flore" et à "l’arrêt de tous les programmes scientifiques, la fin de la surveillance généralisée, le classement complet de l’île en zone interdite d’accès, et le port obligatoire des raquettes en tout temps".

Pour ce jour de fête, l’équipe des marins de la centrale et l’ATCF (atelier chaud-froid - Frédéric G. et Sébastien L-C) a proposé une distribution exceptionnelle d’eau de pluie d’Amsterdam, tout cela aux couleurs de la Normandie et de la Bretagne.
 












Enfin le service de Géophy (Laura N., Rémi L. et Guillaume P.) ferma le défilé sur son char, affrété par le chef du garage (Cyril C.). De gauche à droite, un atome de carbone, une scientifique déjantée, un informaticien fou et un occupant régulier des toilettes du service. 
 Le reste de la journée s'est déroulée devant et dans la caserne pour le traditionnel bal des pompiers, accompagné d’un barbecue, de crêpes sucrées, de cornets de frites, de jeux de toutes sortes et de bonne humeur. Quand le soleil s’est couché ce 26 janvier 2020, tout le monde avait le sentiment d’être dans un petit village de France qui se retrouve pour jouer, rire et danser. 


Tous les remerciements à Guillaume Lambert - organisateur/animateur du défilé
Guillaume LAMBERT (artiste, auteur/metteur en scène)