vendredi 25 octobre 2019

Gérant postal : parfois un travail d'orfèvre

Amis philatélistes, marcophilistes et néophytes du Monde !

Une gérance postale est installée dans chaque district des Terres australes et antarctiques françaises. C'est le cas pour celui de Saint-Paul et Amsterdam.
Son gérant postal, Nicolas AUGER, a, entre autres missions, celle de traiter le courrier de la base et en particulier celui des philatélistes et marcophilistes friands de plis navals et polaires.

Pour cela, il dispose de plusieurs outils, dont la machine à oblitération mécanique SECAP N°1474, type  413H, arrivée sur la base Martin de Viviès le 8 avril 1975, date de sa première utilisation, comme stipulé dans le compte rendu des activités philatéliques de la 26ème mission , dont en voici un extrait :
Même si elle était en état d'usage, la qualité d'impression de la flamme était moyenne : elle laissait des traces importantes d'encre de chaque côté de l'enveloppe... et les premiers essais n'ont pas été à la hauteur des attentes.

Nicolas a donc décidé d'entreprendre un entretien complet pour éliminer les résidus d'encre sur les parties en contact avec les enveloppes, ainsi que les dépôts d'encre séchée dans les interstices de la flamme : un vrai travail d'orfèvre.
Nettoyage de toutes les parties mécaniques

Vérification des alignements au remontage

Au tour de la flamme d'avoir droit à sa cure de jouvence.


La concentration est de mise pour remonter cette vielle dame





Extraction de l'encre sèche à l'aide... d'un coupe-papier
Et toujours avec autant de concentration





















 Avec du résultat :
- Avant











- Après










Pour les experts, voici les données de la machine :


 Etiquette TAAF : 
TAAF.
TLC.
Matériel non consommable
604/2773
 ----
Numérotation compteur : 44547
----
Plaque SECAP 
(Société d’Étude et de Construction d'Appareils de Précision)
S.E.C.A.P.
Rue St. AUGUSTIN
ASNIÈRES (Seine)
N° 1474
Type 413 h


Chers philatélistes et macrophilistes avérés ou curieux, la SECAP d'Amsterdam n'attend plus que vos plis !

Sources :
  1. Définition d'oblitération : https://fr.wikipedia.org/wiki/Oblit%C3%A9ration
  2. Magazine gratuit Delcampe Philatélie  N°21 de Mai-Juin 2018, pages 58 à 66 : https://blog.delcampe.net/magazine-n21-delcampe-philatelie/
  3. Blog des iles Crozet, article du 20 août 2014 : http://ilescrozet.blogspot.com/2014/08/actualite-philatelique.html

Texte : Nicolas AUGER
Photos : Emmanuelle GUIGUEN et Nicolas AUGER






lundi 14 octobre 2019

Les otaries d'Amserdam

Les otaries à fourrure subantarctique :

Focus sur leur étude, leur biologie et l’état de leurs populations à Amsterdam



 Programme d’études

Depuis une trentaine d’année, les otaries à fourrure subantarctique (Arctocephalus tropicalis) sont suivies très finement par une équipe de scientifiques, travaillant dans les Terres australes et antarctiques françaises, avec le soutien de l’IPEV, au profit du Centre d’Études Biologiques de Chizé (CEBC-CNRS). 

Au sein du district de Saint Paul et Amsterdam, c’est Jérémy Dechartre (VSC) qui est chargé de ces études.




Ces études sont menées dans le cadre d’un programme (109), appelé « Oiseaux et mammifères marins, sentinelles des changements globaux dans l’océan austral ».
Son objectif consiste à comprendre comment les changements climatiques affectent les populations de prédateurs marins. L’équipe travaille à la fois à l’échelle des populations et des individus (suivis à long terme). Une des spécificités de ce programme est d’étudier le comportement alimentaire des otaries pour comprendre comment les variations précitées (climatiques et océanographiques) affectent leurs populations.
Pour cela, les travaux de recherche s’articulent autour des thèmes suivants : 
·    comment les individus recherchent leur nourriture en fonction de la distribution et de l’abondance des ressources marines ;
·     de quelles façons ils vont investir ces ressources dans la reproduction ;
·     quelles en sont les conséquences pour leurs populations.

 

Concrètement, sur le terrain, cela se traduit par le suivi méticuleux d’un échantillon d’otaries marquées individuellement avec des identifiants uniques. L’équipe étudie entre autre l’espérance de vie, le succès reproducteur, la fidélité au site de reproduction ou encore l’évolution de la descendance des individus.


     

 


Un soin particulier est porté à la croissance des jeunes, de leur naissance à leur premier départ en mer. Pour cela, un échantillon de jeunes est marqué puis pesé toutes les deux semaines et mesuré chaque mois.
 


Biologie et état des populations

L’Otarie à fourrure subantarctique (Arctocephalus tropicalis) est le seul mammifère marin se reproduisant sur l'île Amsterdam.
D’anciens documents du XVIe et XVIIe siècle relatent des quantités incroyables d’otaries (population estimée à plus de 100 000 individus), à tel point de gêner toute tentative de débarquement. L'exploitation des otaries se développa à outrance au cours du XVIIIe et XIXe siècle et le nombre de prises pour Saint-Paul et Amsterdam a largement dépassé les 150 000 individus.
L’espèce a beaucoup souffert de la chasse au cours du XVIIIe et XIXe siècle. À titre d'exemple, début juin 1789, l'équipage du Mercury tua 1 200 otaries en seulement neuf jours sur l'île Saint-Paul. Les pressions de chasse étaient équivalentes voire supérieures sur Amsterdam.
Sur ces deux îles, les otaries étaient devenues extrêmement rares, à tel point qu’à la fin du XIXe siècle, on crut la population de l’île éteinte. 
 
Dans les années 1950, seulement trois colonies de reproduction avaient subsisté regroupant au total 1500 individus.
Aujourd'hui, l'espèce s'est bien rétablie et a recolonisé la quasi-totalité du rivage d'Amsterdam. Plusieurs dizaines de colonies sont de nouveau installées sur tout le pourtour de l’île, et la population dépasse les 60 000 individus. Le principal site d'étude pour cette espèce se situe à la Mare aux Éléphants (MAE) juste à côté de la base Martin de Viviès.
 
L’espèce appartient au clade des « pinnipèdes » au même titre que l'Éléphant de mer ou le Léopard des mers. 
Les mâles peuvent mesurer jusqu'à 1,80 m et peser plus de 160 kg. 

Les femelles, plus petites, mesurent jusqu'à 1,4 m et pèsent jusqu'à 60 kg.

 

Les jeunes, appelés « pups », sont de couleur noir profond jusqu’à la première mue où ils acquièrent la coloration adulte, marron-grisâtre. Ils pèsent en moyenne 4 kg et mesure 50 cm à la naissance.

  







Lors de la saison de reproduction, les mâles, arrivent plus tôt sur les plages rocheuses et se constituent des harems allant de 5 à 15 femelles. La maturité sexuelle est atteinte entre 4 et 6 ans pour les femelles et entre 6 et 8 ans pour les mâles.
La période d’accouplement s’étale sur 2 mois. Les mâles ne s’alimentent pas durant toute cette phase car ils exercent un contrôle continu sur leur territoire. Ils interdisent ainsi tout passage éventuel d’un autre mâle concurrent. 
 L’accouplement, la mise bas et l’allaitement ont lieu au niveau des colonies de reproduction et sont les mêmes d'une année sur l'autre. Aussi, il semblerait qu’il y ait des accouplements en mer. La gestation dure environ 8 mois.
 
Les femelles arrivent sur les colonies seulement un ou deux jours avant la mise bas. Le pic des naissances se situe à la mi-décembre. L'allaitement s'étale sur 10 à 11 mois. Pendant cette période, les femelles vont alterner les phases d'allaitement sur les colonies avec des voyages en mer pour reconstituer leurs réserves énergétiques. 
En moyenne elles passent de 1 à 3 jours à terre pour 5 à 12 jours en mer. Elles trouvent couramment leur nourriture à proximité de l'île mais elles exploitent également des zones de pêche plus éloignées, situées dans un rayon de 600 à 1800 km autour de l’île.
Généralement, elles exploitent les eaux de surface jusqu’à 50 m de profondeur, mais, lors de courtes plongées exceptionnelles, elles peuvent descendre à 200 m de profondeur.
Ces plongées durent un peu moins de 7 minutes. 
Les otaries sont opportunistes, elles se nourrissent de calmars, poissons et de krill. Il arrive que des cas de prédation sur des gorfous soient rapportés. 

Les mâles ont une espérance de vie moyenne de l’ordre de 12 ans alors que les femelles vivent environ 20 ans. 
 

Texte et photos : Jérémy DECHARTRE / Jean-Charles MEGIAS