La base Martin de Viviès est située à proximité d’une
colonie d’otaries à fourrure subantarctiques (Arctocephalus tropicalis) située sur une « plage » de
rochers appelée la « Mare Aux Eléphants » ou MAE pour les Taafiens.
Les otaries sont présentes sur quasiment tout le pourtour de
l’île d’Amsterdam (28,5 kms de côtes) et une autre importante colonie est
située, au sud-est, au niveau des falaises d’Entrecasteaux.
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La Mare Aux Eléphants (MAE) - Photo Disams68 |
A St Paul, des otaries sont présentes en très grand nombre
sur tout le pourtour du cratère ainsi que sur les deux jetées nord et sud à son
entrée (Thiebot, 2006).
Au niveau de la MAE, on observe près de 500 naissances chaque
année (fin novembre à début janvier).
La population totale sur l’île est estimée à environ
50 000 individus (Roux 1986).
Cela n’a pas été toujours le cas. En effet, au début du 18ème
siècle, les phoquiers commencèrent à s’intéresser aux îles Amsterdam et St
Paul. Roux (1986) a fait l’historique de ces opérations phoquières :
« Les premières
expéditions phoquières (le Mercury et le Noolka) touchèrent ces îles à la fin
du XVIIIème et furent très profitables. L’équipage du Mercury, par exemple, tua
1200 otaries en 9 jours à l’île St Paul, au début de juin 1789.Trois ans plus
tard, les deux navires phoquiers Alliance et Asia rencontrèrent (en mars 1792)
devant les îles un navire chasseur qui avait récolté 15 000 peaux (Allen
1899, Clarke 1875, Claret de Fleurieu 1799, Stackpole 1953). »
Ces expéditions ont continué au cours du 19ème
siècle, en particulier pour alimenter le marché chinois.
Il est impossible, d’après les documents anciens, de
chiffrer la taille originelle de la population avant l’exploitation, d’estimer
les effectifs d’otaries prélevées par l’ensemble des expéditions, ou
le nombre d’otaries survivantes à la fin de l’exploitation.
On peut estimer que pendant une période 1799-1835, le total
des prises pour les deux îles a largement dépassé 150 000 individus.
Quant au nombre d’otaries survivantes à la fin de
l’exploitation (aux alentours de 1880) il devait être extrêmement réduit (de
l’ordre de la centaine d’adultes) compte tenu de la taille de la population en
1956 (Paulian 1964) et du fait qu’elles aient été considérées comme éteintes à
plusieurs reprises par les visiteurs du début de ce siècle.
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MAE-Un bon bain pour débuter la journée- Photo Disams68 |
Depuis 1994, la colonie de la MAE est suivie par le centre
d’études biologiques de Chizé (CEBC-CNRS).
Ce suivi porte sur : le dénombrement, le suivi
démographique (tendance de la population), et la répartition spatiale (zone
d’alimentation).
Ainsi, chaque année plusieurs ornitho-ecologues hivernent à
Amsterdam pour assurer cette mission.
Cela nécessite des manipulations des animaux (pose de
bagues, puce, prise de poids et mesures) où les hivernants sont sollicités pour
prêter main forte.
La proximité de la base vis-à-vis de la colonie entraîne une
cohabitation hivernants-otaries permanente. Il n’est pas rare de croiser des
Artocephalus tropicalis vautrées dans les herbes au bord des chemins ou sur la
cale.
Ces animaux plutôt paisibles n’apprécient guère d’être
réveillés en sursaut ou dérangés par des visiteurs trop bruyants. Cela entraîne
un grognement dissuasif qui invite au repli ou au changement de trajectoire.
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Un telle mâchoire invite à la prudence - Photo Disams68 |
En période de reproduction, le comportement des mâles (qui
peuvent atteindre près de 200 kg) peut-être imprévisible et ce dernier peut
infliger de graves morsures.
D'une manière générale les hivernants sont tenus de faire
attention. Les otaries sont des animaux sauvages, nous devons éviter les
dérangements inutiles et respecter les mesures de sécurité et de bon sens.
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Baignade à la cale - Photo Julien M. |
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Ballet d'otaries - Photo Marine Q. |
Mais lorsqu'une baignade est organisée à la cale, le
comportement des otaries est totalement différent.
Curieuses, joueuses elles se
rapprochent des baigneurs et se lancent dans une chorégraphie sous-marine
inoubliable pour beaucoup d’hivernants.
Ce spectacle nous invite à une réflexion sur les actions
passées de l’homme et sur notre responsabilité à préserver cet environnement.
C’est cela aussi la magie des Terres Australes.
Sources :
- Plan de gestion de
la Réserve Naturelle Nationale des Terres Australes Françaises – Diagnostic de la réserve- Octobre 2010
Rédaction :
Marine Quintin (Ornithoeco) et Disams