dimanche 16 novembre 2014

Au bout du bout du monde


Une nouvelle fois mémorable, mais comment pouvait-il en être autrement ? Ce n’est pas pour être chauvin, mais c’est un fait, nous avons la chance de pouvoir admirer le plus majestueux des paysages des TAAF (Cro, Ker, DDU, un petit commentaire là-dessus ?).

Objectifs scientifiques de cette manip : récupérer des balises GPS sur des albatros à bec jaune, comptage de gorfous sauteurs et suivi dans les colonies d’albatros fuligineux.

A l’approche du site, becs jaunes et fuligineux défient ensemble et par centaines les lois de la gravité tandis que d’autres s’apprêtent à descendre leur première via ferrata entrecastienne : « on ne regarde pas en bas ! » Ha si, juste pour la photo…



































 
1er objectif : récupérer des balises GPS posées il y a quelques semaines sur des albatros à bec jaune consentants (si si) afin de suivre leurs déplacements et de préciser les zones en mer où ils partent s’alimenter. 6 GPS à récupérer, nous n’en aurons que 3 durant cette manip, malgré notre acharnement (rien que ça) à y monter tous les jours. En effet, un seul des 2 parents est balisé, or, mâles et femelles se remplacent pour couver l’œuf par rotations d’une à 2 semaines. Les 3 GPS manquants seront (peut-être tous on l’espère ?) récupérés lors de la prochaine manip.







Ensuite, rendez-vous sur la plage une nouvelle fois pour effectuer des comptages de gorfous sauteurs afin d’estimer la population revenant nicher sur ces falaises annuellement. Cette fois-ci le débit est impressionnant, plus de 800 manchots montant en à peine 30 minutes, en plus de ceux qui descendaient à la mer !

 

Par chance, les chemins qui mènent aux colonies d’albatros où nous devions nous rendre passent proche des colonies de gorfous.  Leurs poussins sont nés depuis quelques semaines. Encore sur le nid avec les adultes, c’était l’occasion de les voir faire l’autruche entre les jambes de leurs parents. 



Enfin, le suivi dans les colonies d’albatros fuligineux. Aux yeux de beaucoup ici, le plus bel oiseau de l’ile.





C’est sur cet air si intelligent qui les caractérise que nos 4 vainqueurs du jour prendront le chemin du retour.



Benjamin RAJON,
Bibams et Marabout.

Ils ont pris le large


Partis nager de leurs propres palmures…

Voilà, c’est terminé… nos chers et tendres petits d’otaries — pups en langage amstellodamois — ont mis le cap vers le grand large et ont abandonné les côtes rocheuses de l’île. Il aura donc fallu, à nos attachants compagnons d’hivernage, 10 mois pour être suffisamment aptes à supporter les rudesses de l’océan. La majorité d’entre eux ne va revenir sur l’île qu’au bout de quatre années, quatre longues années où ils vont notamment devoir éviter de croiser l’appétit vorace des orques et les dents acérées des requins qui peuplent l’Océan Indien.
















De leur naissance sur l’île à leur départ en mer, les pups ont alterné longues périodes de jeûne et très courts instants de nourrissage. Leurs courageuses mères ont sans cesse ajusté leur stratégie de pêche pour pouvoir assurer leur propre survie ainsi que celle de leur unique petit. Au cœur de l’hiver austral, les conditions environnementales de l’océan les poussent à exploiter des zones éloignées jusqu’à 1 500 km de l’île parfois. 




















L’île d’Amsterdam et sa Mare aux Eléphants constitue l’une des colonies les plus étudiées. C’est pour acquérir un certain nombre de données essentielles à leur conservation que j’ai passé, avec les fidèles manipeurs, beauuuuucoup de temps à la MAE (Mare aux Eléphants) dans le cadre du programme scientifique « Oiseaux et mammifères marins sentinelles des changements globaux dans  l’océan Indien ». L’écologie alimentaire, la dynamique de la population, le suivi de croissance des petits sont autant de sujets d’étude indispensables à la connaissance et la protection de cette espèce, ainsi que de celles situées à d’autres niveaux trophiques.  



Les otaries d’Amsterdam se reproduisent sur l’estran rocheux qui ceinture l’île. La physionomie du trait de côte à proximité de la base est telle qu’elles remontent régulièrement s’affaler juste à côté des bâtiments. Bon, oubliez tout de suite cette image des otaries dans les parcs qui nagent dans des piscines en avalant les sardines en boites. Ici, elles sont dans leur milieu de reproduction originel, chez elles. Nous les côtoyons chaque jour et il n’est vraiment pas conseillé de s’éloigner de la base sans son fidèle bâton de bois. Sans lui, c’est incroyable à quel point on peut se sentir démuni et incapable de se protéger face aux agressives menaces de certaines.
Malgré tout, ça reste un plaisir incroyable d’observer de telles espèces dans leur élément. Leur comportement, leurs habitudes et leur incroyable biologie nous étonneront toujours.




























Romain BAZIRE,
ornithologue,
créateur de rêve pour manipeur.

vendredi 7 novembre 2014

Mission Base Verte


07h30 : rendez vous devant la caserne pour l’ensemble de notre groupe, aujourd’hui c’est mission base verte !

Sous les instructions de notre chef garage Jean-Louis nous découvrons le noble art du maniement de la débroussailleuse et de la tondeuse à gazon ! Notre mission, si nous l’acceptons, maitriser les herbes folles de la base. En effet, l’entretien paysager est nécessaire sur l’ile d’Amsterdam tant pour des questions de sécurité et de cadre de vie que pour l’image offerte aux différents visiteurs venant sur la base.


08h00 : tout le monde est équipé et paré à l’action ! Les pelouses sont tondues et les mauvaises herbes étouffant les plantations de fougères autochtones dans les murets arrachées !


















10h00 : voici l’heure de la pause goûter bien méritée, Vincent notre cuisinier nous a préparé une petite collation pour reprendre des forces à base d’œufs au plat, bacon et pizzas au fromage !


Apres le repas de midi, la reprise est difficile pour certains…

Les bases vertes sont également réalisées afin de limiter les risques de départs d’incendie sur base l’été mais sont aussi l’occasion de mobiliser la mission sur des  actions de lutte contre les espèces introduites. Ainsi, l’après-midi, deux stations de figuier (Ficus carica), ont pu être traitées ! Cette espèce végétale introduite sur l’ile se multiplie uniquement végétativement par drageons. En effet, chaque espèce de Ficus possède normalement une espèce associée de guêpe dont la présence est obligatoirement requise pour produire des fruits viables. Cette association mutualiste permet au figuier d’être pollinisé et à la guêpe de pouvoir pondre ces œufs dans la figue. Hors, cet insecte, Blastophaga psenes, n’est pas présent sur l’île.


Il est aux alentours de 17h30 lors du dernier passage de tracteur collectant les déchets végétaux dans la remorque afin de les stocker dans une zone spécialement conçue pour leur brûlage. Ainsi s’achève cette rude journée de labeur pour tous nos jardiniers d’un jour !

 

Arnaud RHUMEUR,
Agent de la Réserve Naturelle Nationale d’Amsterdam.